A propos du disque
“Nantes passe pour être aujourd’hui l’une des toutes premières scènes de jazz en France. Les liens qu’entretiennent le jazz et la ville de Nantes remontent aux origines de cette musique puisqu’elle venait à peine de naître quand eut lieu, en février 1918, au Théâtre Graslin, le premier concert de jazz symphonique jamais donné sur le continent européen. Le jazz actuel à Nantes est donc l’aboutissement d’une des plus longues histoires de cette musique en France, une histoire qui s’est poursuivie dans la ville à travers tous les styles, tous les courants et toutes les expérimentations.
Car les musiciens d’aujourd’hui sont les héritiers d’une longue lignée d’amateurs et de professionnels nantais qui se sont passionnés pour le jazz, qui l’ont joué et qui ont fait venir ses plus grands créateurs (Bechet, Hines, Gillespie, Monk, Getz, Shepp, etc.). Ils ont aussi pris les moyens, à travers la formation, d’assurer la transmission du langage jazzistique. Les musiciens nantais d’aujourd’hui en ont bénéficié et, forts de cet héritage, portent cette forme musicale à son meilleur niveau. Conscients d’être issus d’un creuset aussi riche, ils constituent une communauté, presque une école, même si, entre-temps, ils ont acquis reconnaissance ailleurs. C’est la caractéristique principale du nouveau jazz nantais. Quand ils se mettent à jouer ensemble, ces musiciens font preuve d’une cohésion rarement égalée. Car c’est ensemble qu’ils sont entrés dans le jazz, un apprentissage dans les écoles de musique, au conservatoire ou sur le tas, enrichi par des concerts. La programmation innovante du Pannonica n’y est sans doute pas pour rien. La musique que produisent tous ces jeunes est incontestablement celle d’aujourd’hui et s’ouvre sur l’avenir. En même temps, elle s’inscrit dans le langage le plus authentique du jazz, à un moment où les critères qui le définissent tendent à s’estomper. Leur sensibilité et leur culture, qui s’expriment à travers leurs créations, ne trompent pas.
Grâce à eux, le jazz continue.”
Philippe Hervouët, juillet 2007