Une fresque détonante en cinémascope. De la musique à écouter et à danser !
« Je souhaite restituer une musique qui exprime immédiatement la somme des souvenirs acoustiques ancrés en chacun de nous » explique Alban Darche pour présenter son Orphicube. Il parle aussi de « bandes-son de nos existences », de « bande originale d’un film imaginaire. »
« Bandes-son de nos existences. » « B.O. d'un film imaginaire. » Atomic Flonflons, c'est exactement ça : pas moyen d'écouter les douze morceaux du nouvel album de l'Orphicube sans que vos neurones ne se mettent à mouliner pour puiser des images au fin fond de votre mémoire.
Des scènes vécues. Ou pas. Des lieux familiers. Ou rêvés. Des couleurs. Des corps. Des qualités de lumière. Des qualités d'air : limpide et vif, moite et enfumé. Du brouillard et de la lucidité.
À chacun son vécu. À chacun sa base de données, bien rangée ou en foutoir, entre os frontal et occiput. C'est là, directement, que puise la musique d'Atomic Flonflons.
Une nostalgie accordéonnière. Un roulement de tambours à la Luis Prima. Une voix haut posée sur canapé de sax. Une Paloma teutonne. Une java (forcément) canaille. Une clave sud-américaine, une mélodie française fin XIXe, une croonerie du milieu du siècle suivant…
À chaque fois, les images apparaissent : un cabaret berlinois, l'aura chaleureuse d'un bar qui éclaire la nuit au bout d'un quai mouillé, la nostalgie rose bonbon d'une héroïne de Demy, le clin d'oeil coquin d'une Betty Boop.
À chaque fois, on se retrouve en terrain étrangement familier. Les « marqueurs » stylistiques sont là, affirmés. Mais ce sont des repères qui tracent des perspectives aussi trompeuses que ces miroirs déformants des palais des glaces des fêtes foraines : on s'avance, sûr du chemin qu'on emprunte, mais c'est pour mieux se cogner à un inattendu changement de direction.
Dans chaque morceau on commence par s'installer dans un décor familier avant de se rendre compte qu'il s'est produit une sorte d'accident spatio-temporel qui nous a plongé dans un univers parallèle.
On perçoit, on ressent des distorsions. Cette étrangeté pourrait déranger, bloquer, paralyser. Mais non.
Quand on écoute des titres aussi explicites que « Tango vif», « Musette », « Ragtime », « Java » ou « Rythm Song », même si le rythme est (volontairement) bancal, la pulsation s’impose.
Faudrait pas grand-chose pour qu'on se mette à danser...
Thierry Mallevaës
L’OrphiCube est une formation soutenue par la Drac des Pays de la Loire, la Région des Pays de la Loire et la Sacem.
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Ce disque a été réalisé avec les aides de